Sacko The Comedian: « Je viens d’un quartier pauvre de la Cote d’Ivoire. Je sais ce que cela fait d’avoir faim. Si je peux empêcher un enfant d’avoir faim, je le ferai. Je veux que ma réussite ait un sens. »

« Moi, je  suis fou. » Sacko est un jeune comedien ivoirien vivant en France depuis des années. Beaucoup connu pour ses réalisations sur Vine, il est suivi par environ 140000 personnes sur Facebook. Sacko est le réalisateur de la vidéo Panda.  Il fît ses débuts au cinéma dans le film Chocolat au près d’Omar Sy. Il apparaît aussi dans Débarquement Immédiat, un film réalisé par Philippe de Chauveron. Il est notre invité de la semaine. Il nous parle de son parcours, ses projets et ses aspirations pour l’Afrique.

Qui es-tu ? 

Je suis Sacko . J’ai 21 ans. Je suis né en Côte d’ivoire. Je suis venu en France à l’âge de 12 ans. Je me souviens de mes débuts dans ce pays. Avec l’accent, ce n’était pas facile. J’ai eu un grand mal à m’adapter, car enfant et nouveau arrivant, je subissais des moqueries.  sacko4Aujourd’hui, les gens-à m’entendre parler-sont étonnés lorsque je leur dis que je suis venu en France en 2006.  J’ai fait mon bac il y a deux ans en hôtellerie.  Après mon baccalauréat, j’ai fait deux années de licence en anglais, car j’aime beaucoup la langue. Depuis l’année dernière,  j’ai arrêté les cours car je suis en pleine hésitation.  Pour le moment, je me demande s’il faut que je me lance dans la comédie ou que je fasse l’école et la comédie a moitié. Toutefois, j’ai réalisé qu’à force d’être partout, on fini par se perdre.  C’est pour cette raison que je ne suis toujours pas inscrit pour la prochaine entrée de septembre.

Pourquoi avoir choisi de faire l’anglais? Est-ce pour être traducteur?

Absolument pas! Vous savez, tous ce que je fais est en lien avec ma passion qui est la comédie. Mon rêve le plus ardent est de devenir acteur de cinéma. Je met la barre haute, car je suis conscient que l’anglais m’ouvre des portes.

Vous vous faites appeler Sacko The Comedian. S’agit t–il encore de votre amour pour la langue anglaise?

Exactement. Au fait, deux raisons motivent ce nom. D’abord je suis un croyant. Dieu a dit : « Donnes-toi un nom et ce nom te suivra ».  J’ai connu un ami qui s’appelait Moussa le Blesseur, car il blessait beaucoup les gens. Alors je me suis dit, je vais me faire appeler Sacko the Comedian, car j’ai envie de faire rire les gens. Ensuite, mon amour pour l’anglais.

Nous avons vu une de vos brèves apparitions dans le film Chocolat réalisé par Roschdy Zem. Ce film retrace l’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française –de Gérard Noiriel publié en 2012 par Bayard-. Pouvez-vous nous expliquer comment cette apparition a été possible ?

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Sacko Dans Chocolat

Cette apparition dans Chocolat est due à un coup de chance et à mon talent. Le succès c’est quand l’opportunité rencontre la préparation, non ? J’ai un ami du nom de Kalvin Winson . Il est acteur comédien et il  joue dans la série Plus Belle la Vie. Il m’a fait part du fait que, pour le film Chocolat, on cherche un profil semblable au mien. Ce profil étant une personne qui parle bien sa langue maternelle et qui sait jouer. Il m’a envoyé le casting. Ce casting était le premier que je faisais. J’ai envoyé un email aux personnes concernées en ne m’attendant pas à ce qu’ils m’appellent. Je voulais cependant tenter ma chance. De toutes les manières, je n’avais rien a perdre. En dépit des nombreux acteurs  plus qualifiés  que moi et ayant postulés, malgré la boule au ventre et le fait que j’étais sans agent, j’ai reçu un e-mail le lendemain me disant que je suis pris.  C’est ainsi que j’ai donc eu l’opportunité de faire un film avec le meilleur acteur de France : Omar Sy.

Du coup, Omar Sy est un modèle pour vous dans le milieu ?

Absolument. Toutefois, je ne veux pas être comme Omar Sy. Je veux être plus qu’Omar Sy.

On sait qu’en Afrique les parents sont très réticents à l’idée de voir leurs enfants quitter les bancs d’école pour se lancer dans la comédie. En ce qui vous concerne, comment cela s’est il opéré ?

Vous savez, moi je suis l’enfant du milieu-Cadet-. J’ai un grand frère et une petite sœur. Bon, il y a  une dernière qui est arrivée récemment. Quand ma mère veut envoyer un de ses enfants en commissions, mon frère se dit trop grand pour les faire et mes sœurs, trop petites. Je suis donc celui qui subit tout. Quand il y a un truc, je suis automatiquement le responsable. Je n’ai jamais vraiment annoncé à mes parents que je veux devenir comédien. Ils l’ont vu. Je faisais des vidéos et ils ne le savaient pas. Bon il y a une meilleure alchimie avec ma mère qu’avec mon père. Ma mère le savait. Je ne sais pas comment elle l’a su, mais je savais qu’elle était au courant que j’en faisais.  Cela ne la dérangeait pas. Mon père l’a su à travers mon oncle. Ce dernier lui a montré une de mes vidéos oùsacko2 je mettais une perruque, du rouge à lèvres, des talons et il s’exclama « mon fils a changé  de bord-Orientation sexuelle- woo, donc c’est ce qu’il fait ? ». Il ne l’a pas mal pris. Mon père ne veut juste pas que la comédie prenne le dessus.

Tu te rappelles de ta première vine ? Pourquoi avoir choisi les vines ?

Je voulais être comédien, mais je ne savais pas par quel moyen. Ensuite j’ai découvert l’application Vine qui permet la réalisation de vidéos de 6 secondes. Ma première vine était que des grimaces que j’ai partagé avec des amis. Ils ont adoré. Tout est parti de là. J’ai donc décidé de créer une page Facebook et voilà.

Aujourd’hui, 140000 personnes vous suivent. Cela rajoute t-il une pression supplémentaire dans le travail que vous faites ?

Je suis une personne très patiente. Plusieurs personnes font des vines. D’autres voient plus grand en changeant de style. Apres l’échec de ma chaîne YouTube, j’ai décidé de rester moi-même. Les gens me voient dans les vidéos et ils me rencontrent dans la rue. Ils trouvent que je suis pareil. Alors qu’importe le nombre d’abonnés, je reste moi-même.

Votre vidéo Panda a été vue par des milliers de personnes et partagée des centaines de fois. Comment avez vous eu cette inspiration ?

Vous savez, moi je suis fou. Même hier, je demandais à mon ami si un fou sait qu’il est fou. Je suis un malade. C’était la fin du ramadan et j’étais avec mes potes. On écoutait la musique et à force d’entendre « panda panda panda »j’ai dit a mes amis venez on fait une vidéo. Cette vidéo a eu beaucoup de critiques mais Dieu sait que mon intention était bonne.

Selon vous, quelle est votre plus grande réussite ?

Mes deux apparitions au cinéma sont mes plus grands accomplissements à date. J’apparais dans un autre film réalisé par Philippe de Chauveron avec Ary Abittan et Medi Sadou intitulé Débarquement Immédiat.  Le film est présentement au cinéma et j’y fais une plus longue apparition que dans Chocolat. 

Aspirez-vous toujours à être indépendant ou aimeriez-vous avoir des agents?

Avant les castings pour ces deux films, j’ai essayé d’avoir des agents, mais cela n’a pas marché.  Le fait de ne pas en avoir a contribué à rendre possible mon apparition dans ces films. Il faut savoir que lorsque tu évolues solo, tu es moins cher. Les producteurs préfèrent prendre un bon acteur qui n’a pas d’agent qu’un bon acteur avec un agent-ndlr ce qui est très logique-. Toute chose étant égale par ailleurs. À chacun sa chance. Je suis à la recherche d’un agent, car dans tous ce que tu fais, il est préférable d’être professionnel.

D’où vous vient votre force?

Je tire ma force de ma foi. Elle me donne le courage d’avoir la patience dans ce métier.

Si vous deviez vous identifier a un animal, lequel serait–il et pourquoi?

Le mouton. Cela n’a rien à voir avec le fait que j’en sois un. Je dis le mouton par rapport à l’Aid. Il est beau et doux comme moi.

Quel sera votre prochain coup. Peut-on en savoir plus?

On prépare un court métrage dans lequel je suis l’acteur principal. Je n’en dis pas plus. Restez connectés. Je vous promet du lourd.

Quelles sont vos ambitions pour l’Afrique?

Je souhaite réaliser en Afrique comme Akon le fait présentement. Je veux ressembler à Nelson Mandela. Loin de moi l’idée de vouloir être président, mais j’aimerais être un homme de paix. Un homme capable de faire des dons. On voit l’image d’une Afrique dégradée. Des enfants mourant de faim etc… J’aimerais contribuer à pallier à ce phénomène. Je viens d’un quartier pauvre de la Côte d’Ivoire. Je sais ce que cela fait d’avoir faim. Si je peux empêcher un enfant d’avoir faim, je le ferai. Je veux que ma réussite ait un sens.

Qu’avez-vous à dire à tous ces jeunes voulant faire comme vous?

Vous savez, je parle tellement que j’aurai pu être avocat. Je crois cependant qu’il faut avoir le courage de suivre nos passions. Nos parents, on leur doit tout le respect du monde, mais ils sont tout de même humains . En tant qu’humain, ils peuvent se tromper. Il ne s’agit pas de les défier lorsqu’ils sont en désaccord avec nous. Ce désaccord ne doit pas être une raison pour abandonner nos rêves. Il faut trouver la bonne formule pour leur parler.sacko3

Un grand merci pour votre participation Sacko. Nous espérons vous rencontrer bientôt dans un autre numéro de QUI ES-TU ?

 

 

 

 

 

 

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