Ces anges gardiens

          C’était une nuit de nouvel an à Banko, ville située dans un lointain pays. Ses habitants, vêtus de leurs plus belles parures se dirigent vers des dîners organisés chez des amis ou dans les restaurants prisés de la ville. Les plus Rock ‘n’ roll s’empressent vers les discothèques upées.

Nuit spéciale, elle crée et défait des liens indéfectibles. Alcool et drogues coulent à flots. L’illicite est au rendez-vous.

                Fatou est une sage-femme. Âgée de 63 ans, elle exerce cette profession depuis 37 ans. Veuve et mère de 5 enfants, elle n’a jamais connu la magie de noël ou la joie qu’apporte le nouvel an. Chez elle, tous les jours sont pareils. Durant toutes ses longues années de service, elle a vu naître la majorité des jeunes de sa ville.

              Plus tôt dans la soirée, Mariam, une jeune fille de 16 ans, mariée depuis un peu plus d’un an est admise à la maternité de l’hôpital d’Etat. Son accouchement, le premier, est prévu pour la soirée et devrait être opéré par notre dévouée maïeuticienne. Pour cette dernière, chaque accouchement est une nouvelle expérience et la joie qui vient avec est toujours comme la première fois, comme si elle n’a jamais été ressentie.

            Arrivée de bonne heure ce jour-là, notre héroïne s’est empressée vers la chambre de la jeune future maman, histoire de la réconforter. Aujourd’hui encore, son unique joie sera de voir ce nouveau-né qui, devenu grand, n’entendra jamais parler d’elle.

            Il est 4h du matin, les différentes soirées sont terminées. Les rues sont remplies de gens sous substances diverses. De l’alcoolique au drogué, en passant par des cœurs brisés et des tourtereaux heureux, Mourad, 43 ans, chauffeur d’autobus, ne manque pas d’ouvrages. Cet homme au volant de son engin est le seul garant des vies de ses passagers. Sa bonne humeur, il la trouve  dans la satisfaction d’avoir ramené en sécurité à leurs domiciles respectifs, des personnes qui avaient perdu l’usage de tous leurs sens. Il est victime de mauvaises paroles, de traitements déplacés et la plupart de ses passagers ne prennent pas la peine de le remercier. Du répit, il en trouve seulement lorsque toutes les rues sont vides.

           Les rues sont sales. Nos fêtards ont boudé les poubelles et toilettes publiques. Très tôt le matin, Martin, 66 ans, arpente et nettoie les artères de la ville depuis une quarantaine d’années. Très souvent, il est victime de mauvais regards, de mauvais jugements. Les passants disent de lui qu’il a raté sa vie. Martin lui, ne les écoute point. Il prend son courage à deux mains comme à l’habitude, serre fort son balai et continue de nettoyer derrière les gens. Sa récompense: un misérable salaire, un petit sourire d’un vieux monsieur une fois à l’occasion. Martin trouve son bonheur en voyant les rues propres.

           La semaine de vacances est terminée, les cours reprennent de plus belle. La jeune Kadija, 29 ans, est institutrice en CP2 à l’école publique de la ville. Tous les matins, des parents lui confient l’éducation de leurs enfants. Elle tente de leur offrir avec hargne, un avenir radieux. Insultes, manque de respect sont ces repas quotidiens. Elle ne s’en plaint point. Demain, ses élèves seront de grandes personnalités et oublieront son apport dans leurs vies respectives. Elle ne le prendra jamais mal. Elle trouve sa joie à voir ses petits élèves grandir.

       Nous les croisons tous les jours. Nous ne nous rendons pas compte de leur importance. Sans le savoir, ces gens sont nos anges gardiens et méritent plus de respect et de remerciements.

 Quoique le bon Dieu se suffise à lui-même, il emploie néanmoins, pour gouverner le monde, le ministère de ses anges. Ex 23:20…

 

Bah El Hadj pour Hope and Up

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Iliassa bah dit :

    👏 Trop émouvant frère bon courage pour la suite !

    J’aime

Laisser un commentaire